jeudi 24 décembre 2009

Noyez-vous pas!

Un très joyeux Noël à tout le monde!

Cette photo est le résultat d'un très beau moment passé entre un papa et son fils l'avant veille de Noël... Je vous l'offre, nous, on la mangera, ce soir!

Bon Noël!

dimanche 20 décembre 2009

Aller voir ailleurs si j'y suis (fin)

… Un dimanche, c’est plus fébrile qu’à l’habitude chez Guillermo. Ce jour-là, j’étais demeuré à la maison toute la journée. J’étais fatigué et j’avais l’estomac à l’envers, d’abord à cause de la quinine et aussi parce que j’avais bu l’eau d’une source, en forêt, la veille, lors d’un voyage vers la vallée de Constanza… Elvira préparait du lapin, Guillermo arrive les bras chargés de fruits… On attend de la visite!

Arrivent Jean-Antonio, Chica (cousine d’Elvira si je me souviens bien), Alberto le cousin, Guillel et Patricia sont là, Paul l’aîné aussi, bref, pas mal de monde à la maison… Guillermo sort les sacs, emplit le tout de fruits et de diverses petites choses à manger puis on s’engouffre dans les voitures. C’est le départ vers « El salto de Jimenoa ». Cet endroit magique est situé à une dizaine de kilomètres de chez Guillermo.

Après avoir quitté la route des montagnes, il y a quelques kilomètres à faire sur une petite route bordée d’arbres, parfois de pâturages et aussi de magnifiques champs d’eucalyptus. Les champs d’eucalyptus sont vraiment magnifiques avec leur couleur bleutée et « poudreuse » qui contraste avec le vert tendre des arbres. Lorsqu’on en voit un pour la première fois, c’est vraiment saisissant tellement on a l’impression d’avoir le tableau d’un grand maître sous les yeux. On arrive enfin près d’une petite maison de ciment, en plein milieu d’un boisé… Cette maison, c’est la « centrale » électrique de Jarabacoa.

Des fils y sont attachés et rejoignent une lignée de poteaux de bois qui s’engouffrent entre les arbres. Guillermo m’explique le tout et, sans plus de cérémonie, nous entrons à l’intérieur où trône une turbine hydroélectrique jaune d’environ 20 pieds de diamètre. Ça ronronne et, sous nos pieds, à travers un grillage rouillé, on peut voir s’évacuer l’eau qui ressort vers l’aval. Quel spectacle étrange qui rappelle certaines images des bandes dessinées de Hergé dans les années 30… Cette petite « centrale » est la seule source d’électricité de Jarabacoa. C’est le cas de le dire, l’approvisionnement en électricité de toute la ville ne tient qu’à un fil! C’est assez loin du gigantisme du barrage de Manic 5!

À la droite de la « centrale », nous suivons ensuite le sentier qui mène à un endroit superbe… Un petit lac encavé au milieu d’escarpements rocheux gigantesques d’où, tout au fond, coule une superbe cascade d’une centaine de pieds de haut! El salto de Jimenoa! Le sentier mène à un petit pont suspendu, fait de fils d’aciers, branlant et oscillant sous les mouvements exagérés de Jean-Antonio… Pas très rassurant mais bon, tout le monde le fait. Nous traversons le pont jusqu’aux roches plates, de l’autre côté du lac. Il y a quelques dizaines de personnes qui se baignent, qui sont assis en famille, pour la plupart Dominicains, mais il y a aussi quelques Allemands…

Tout le monde avait son maillot et, sans cérémonie, se dévêtissent et descendent à l’eau. L’eau est très froide et agitée. Sous nos pieds, des cailloux noirs, ronds et glissants. À la différence de Jean-Antonio qui nage très bien, je ne me rends pas de l’autre côté, sous la cascade, je ne me sens pas assez sûr de moi. Déjà que de prendre ainsi un bain, en eau douce, est très risqué dans ce pays à cause des dangers de contracter la fièvre Dengue… C’est ainsi que se passe l’après-midi. Puis, vient le temps de repartir. Nous ne reprenons pas le pont. Nous longeons la paroi rocheuse sur un petit trottoir aménagé à même qui ne fait que quelques pieds de large. À certains moments, nous devons être à 50 pieds de hauteur, au dessus des rochers…

À cause de l’humidité, le sol de l’escarpement est humide… À un certain moment, préoccupé par la sécurité de la caméra vidéo que j’avais emprunté à mon frère, je glisse et, déséquilibré, je me pousse vers la droite, histoire de me retenir au rocher. Malheureusement, le mouvement est trop rapide et c’est mon coude droit qui heurte violemment la paroi. Douleur intense mais bon, ça va aller. Je poursuis mon chemin, à la suite des autres. Une fois rendu à l’extrémité, nous débouchons dans une petite clairière, totalement à la gauche de la « centrale » électrique. Alberto qui me devance se tourne pour me parler et soudain, son visage devient blanc et il crie en me regardant. Ne sachant trop ce qu’il disait, je regarde derrière pour trouver la raison de cette excitation inexpliquée : rien… C’est bien moi qu’il fixe ainsi, presque paniqué…

Tentant de bien cerner où se porte son regard, je baisse les yeux et je m’aperçois que je suis maculé de sang… Ce sang provient de mon coude droit qui pisse littéralement l’hémoglobine! Bien qu’une vague douleur subsiste encore de ma pirouette maladroite survenue sur la paroi, je regarde bien et l’os de mon coude, à nu, pointe à travers les chairs déchirées de mon bras. Sans plus de cérémonie, Alberto enlève son t-shirt et m’en fait un bandage improvisé que je m’empresse de bien serrer pour limiter la perte sanguine. C’est ainsi affublé que nous repartons vers la maison, quelque peu hébétés par cet épisode impromptu.

Une fois arrivés, avec précipitation, Jean-Antonio se rue vers Elvira pour lui expliquer la situation. Bien que médecin, Elvira pousse les haut-cris en dégageant mon coude du pansement fabriqué avec le chandail d’Alberto… Je ne comprends pas trop ce qu’elle dit si ce n’est « hematoma, fractura, hemorragia »… Sans vouloir faire un mauvais jeu de mots, je dirais que, demeurant dans une famille de médecin, « j’étais bien tombé »! J’avais une fracture ouverte du coude droit. Elvira sortit une trousse, nettoya la plaie qui saignait toujours, y appliqua quelconque pommade, ré-imbriqua les os écartelés pansa et compressa le tout très fortement avec un bandage élastique. S’ensuivirent des instructions précises que Guillermo me traduisit.

Quelques heures plus tard, l’hémorragie s’était arrêtée et la douleur soulagée par de nombreuses rasades de rhum Brugal. Mon bras, bleu et noir des phalanges jusqu’au cou demanderait quelques précautions… Elvira m’avait bien dit d’aller voir un médecin dès mon retour, ce que je n’ai jamais fait. La seule séquelle que je conserve de cet incident est que mon bras engourdit lorsque plié trop longtemps… Je prends ça comme un autre souvenir de ce voyage magnifique! Je prenais l’avion du retour le lendemain…

***

Quelques jours auparavant, le jeudi, Guillermo avait organisé une fête en mon honneur, avant que je quitte cet endroit de rêve toujours habité par les souvenirs que j’en conserve. Toute la famille serait là, ainsi que les membres de la parenté dont Donia Maria la mère de Elvira, ainsi que Leo Suarez et son groupe de musique. L’adjoint de Elvira à la clinique médicale, un allemand que j’ai toujours soupçonné être un réfugié politique s’occuperait du repas et la fête serait totale. C’est lui qui préparerait le « mondongo »… Le mondongo est le repas de fête par excellence me disait Guillermo…

Les gens arrivaient par groupes, presque sans cesse… Je ne connaissais pas tout le monde, mais tout le monde savait que j’étais « l’ami Québécois de Guillermo »… Arriva Donia Maria, la maman de Elvira. Mon clavier ne me permet pas d’écrire convenablement Donia car en fait, c’est Dona avec un petit symbole au dessus du n… Ce mot est le féminin de Don, un titre qu’on donne par respect… Donia Maria est imposante, calme, souriante… Elle se dirige aussitôt vers moi, me sourit et pose sa main sur ma tête en signe d’accueil. Je lui sourit, respectueusement lui embrasse la joue. Tout le monde respecte Donia Maria. C’est l’aïeule qui, majestueusement, va prendre « sa » place, tout au bout de la table, près de la porte du balcon arrière…

C’est ainsi que la maison se « peuple » et que la fiesta s’installe… C’est bruyant, fébrile, joyeux… Leo Suarez arrive aussi avec sa femme Africa et leur petit garçon. Les autres membres du groupe musical arrivent aussi et c’est dehors, en bas, près de ma chambre qu’on installe les instruments et que la partie la plus festive de la soirée se déroulera, près des bananiers… On installe des chaises, on arrime le tout… Leo et son groupe, enfin parés, commencent à jouer… c’est magique, simplement magique, je ne trouve pas d’autres mots!

Puis, vers les huit heures, ça tape sur une casserole, en haut. C’est l’ami allemand de Elvira (dont j’ai oublié le nom) qui annonce que la nourriture est prête. Trop de monde pour que le repas se déroule à table; chacun prend une assiette et se sert… Il y a du monde partout. Sur la table, les plats sont nombreux… Yucca, mondongo, petits crabes, lapin, légumes divers, salade, c’est gargantuesque.

Guillermo, avec cérémonie, me sert une généreuse portion de mondongo. Ça sent bon la tomate et le cumin… Avec joie, je me prends une généreuse cuillérée de ce met réservé aux grandes occasions… Le goût est délicieux… cependant…

Tentant de mastiquer, mon palais et l’arrière de ma langue refusent obstinément de faire le travail… Je ne peux absolument pas avaler ça!!! Guillermo, tout fier, me regarde mastiquer avec le sourire… Tout le monde semble se régaler mais, dans mon cas, tout ce qui se passe dans ma tête c’est « comment je vais faire pour avaler ça »? En fait, le mondongo est un mijoté d’estomac de vache! Oui, oui, des tripes de vaches, savamment suries (sic), mijotées dans une sauce tomatée et épicée. La texture des tripes animales est caoutchouteuse, avec un côté un peu rugueux… En fait, pour ma bouche de nord américain, c’est absolument infecte! Je le répète, c’est infecte!

D’ailleurs, sur des images vidéo que j’ai encore ici, on me voit, à la caméra, filmé par Jean-Antonio, qui peine à réprouver un haut-le-cœur provenant du plus profond de mon être… Je ne veux pas être impoli… Profitant d’une petite période d’inattention, je me faufile par derrière et, subrepticement, va verser le contenu de mon assiette, à peine entamée, au chien! Lui, tellement maigre, dévore le tout de quelques goulues bouchées… Rentrant dans la cuisine, Guillermo aperçoit mon assiette vide et m’offre généreusement une seconde portion!!! Non merci, je n’ai plus faim lui dis-je!

Le lendemain, je lui avouerai mon incapacité à avaler ce type de plat. Une fois mon histoire de la veille terminée, Guillermo s’esclaffa d’un rire bien senti, ponctué de larmes tellement il riait… D’un ton rigolo, il me baragouine en espagnol une phrase qui se traduit à peu près comme suit : « C’est tout de même mieux de manger du mondongo que d’être obligé de manger Don Mongo »! (traduction libre)

Malgré ce petit épisode gastronomique, la soirée de fiesta a été impeccable et d’une joie totale. J’ai eu la chance de jouer de la guitare avec Leo et son groupe, j’ai dégusté avec joie les blagues de Guillermo; j’ai eu la chance d’observer Elvira, contente à souhait de cette soirée improvisée et de sentir la présence réconfortante des enfants dont les yeux ne pouvaient masquer la joie profonde. Tout ça se passait en mon honneur, juste pour moi… Quelle soirée magnifique!

***

C’est ainsi que je terminerai cette petite histoire qui n’est en fait, qu’un bien pâle résumé de ce voyage magique que je n’oublierai jamais. En fait, ce n’est pas un voyage dans un autre pays, au sud… C’est un voyage que j’ai fait dans une famille magnifique sincère et aimante; c’est un voyage que j’ai fait en plein cœur de la fraternité, en plein cœur de l’humain dans ce qu’il a de plus beau, de plus simple et de plus noble; c’est un voyage que j’ai fait au centre de moi-même, au cœur de ce que je suis, fondamentalement.

Depuis ces moments, je n’ai jamais cessé de revivre ce voyage. De la séparation que je vivais, j’avais trouvé le moyen de dépasser mon « connu », j’avais trouvé le moyen de transcender ce qui aurait pu être pénible et d’en faire une expérience formidable.

Bientôt, aussitôt que possible, j’envisage retourner à Jarabacoa revoir ma famille. Revoir Guillel et Patricia, mes sœurs, Paul, mon frère et mes amis sincères Elvira et Guillermo.

Don Guillermo y Donia Elvira, mi corazon es con vosotros… Hasta luego!

mercredi 16 décembre 2009

Aller voir ailleurs si j’y suis (3)

...Le lendemain matin, levé tôt, remise en forme à l’eau fraîche… Une fois remonté à l’étage, on prépare le déjeuner. Je passe près du chien que je n’avais pas remarqué la veille. Il me fait une fête, mon odeur ne le dérange pas, c’est bon signe. J’ai dormi comme un Loire et je me sens prêt à retourner apprivoiser ce pays que je visite pour la première fois…

Guillermo et Elvira sont levés, les filles dorment encore. Ça commence à sentir le café… Guillermo sort un plat de jambon, un plat de fromage et prépare des petits pains grillés. Le café est remarquablement savoureux même si très sucré. Et là-dessus, on n’a pas vraiment le choix car la pratique est de sucrer l’eau directement avant même que le café n’infuse. Ceci dit, au bout de quelques jours, ce goût sucré et réconfortant vient à nous manquer et à faire partie du « goût de la place ».

Après le petit déjeuner, Guillermo m’explique comment il attrape les poules qui sont très nombreuses dans la forêt. Derrière la maison, pas très loin du balcon, il y a une cage sans fond… Un simple bâton auquel est attaché une corde qui se rend jusqu’au balcon est placé de façon à soulever la cage d’un côté. Une bonne poignée de maïs sous la cage sert d’appât et on attend simplement, sur le balcon qu’une poule dodue s’y présente. Une fois la poule sous la cage, on tire la corde et c’est tout. On laisse le tout ainsi et la gouvernante s’occupe du reste! À mon sens, c’est vraiment ça « consommer local » et manger frais!

Puis, vient le temps du départ… Début de la journée, on se rend à la Ferretaria ( la quincaillerie de Jarabacoa) où chaque matin, Guillermo se rend pour vérifier ses commandes et s’assurer que tout le nécessaire se rendra vers les divers chantiers qu’il supervise. J’y accompagne Guillermo à chaque matin et, vers la fin de mon voyage, le propriétaire dont j’ai malheureusement oublié le nom me dit que si j’ai le goût de vivre à Jarabacoa, un job m’y attend (ce qui ne se fera jamais cependant). Dans la cour arrière de la Ferretaria, il y a beaucoup de bruit…

Curieux, je m’y rend. Deux jeunes hommes s’y affairent autour d’une bizarre de machine sortie d’un autre temps. Ils y versent du sable, du gravier et du ciment en alternance. Le tout, alimenté d’eau, brasse pour en faire un mélange parfait. À l’autre bout de la machine, le mélange est prêt et le tout est soigneusement mis en moule. Les moules sont ensuite placés un peu à l’écart pendant que le manège recommence. Puis, au bout de quelques minutes, les deux hommes retournent vers les moules prêts et ils déplacent le tout vers la cour où ils démoulent des blocs de ciment qui sécheront au soleil pendant quelques jours. C’est ainsi que, six par six, les blocs de ciment qui serviront à bâtir les maisons sont fabriqués à la main! On est loin de nos usines mécanisées… La journée vient à peine de commencer et il doit bien y avoir deux ou trois-cents blocs qui durcissent déjà dans la cour sableuse. Les blocs de la veille sont déjà gris tandis que ceux du matin sont bruns sombres… C’est un travail difficile et exigeant mais les deux hommes semblent heureux de le faire, chantent et rient.

Nous nous rendons par la suite sur un chantier, un peu à l’extérieur de la ville où des hommes travaillent à bâtir une petite rue. Le tout se fait à la main, plaçant soigneusement des roches, cimentant ces dernières, une à une. Bien que je m’y rende presque tous les jours et la rue n’ayant, au plus, que 300 mètres, je ne verrai jamais la fin du chantier pendant mon voyage… C’est ainsi à Jarabacoa, le lieu de l’éternel printemps…

***

Par une très chaude et très humide journée, nous devions nous rendre à La Vega, au garage, pour faire effectuer une réparation sur la voiture. Guillermo considérait que la climatisation ne fonctionnait pas adéquatement. Une fois arrivés là-bas, il va prendre quelques arrangements avec le mécano, il m’invite à m’asseoir, tout près, sous un toit de tôle. Ça prendrait quelques minutes… Il faisait vraiment chaud et les bouteilles d’eau se succédaient…

Deux heures plus tard, Guillermo, impatient, allait de plus en plus souvent s’enquérir de la situation auprès du garagiste… Nous étions pourtant habitués d’attendre et cette impatience de Guillermo m’intriguait… Finalement, dans un excès de lassitude, Guillermo convient avec le garagiste d’un autre rendez-vous, quelques temps plus tard… Tout de même curieux d’avoir attendu si longtemps pour finalement prendre un rendez-vous à une date ultérieure, mais bon…

Nous sommes embarqués et Guillermo reprit simplement la route des montagnes. Guillermo reprit sa bonne humeur et il a remit la cassette du « Tour de l’Île » de Félix Leclerc qu’il écoutait très souvent. En fait, il écoutait souvent Félix et aussi la cassette de Leo Suarez, son ami ui habitait Jarabacoa et qui maîtrisait l’art de la Bachata qui, aux côtés du Merengue, est la musique Dominicaine par excellence. D’ailleurs, peu avant mon départ pour le retour, Guillermo m’avait organisé une fiesta où j’ai eu la chance de jouer avec Leo et son groupe, j’y reviendrai…

Cet après-midi bizarre m’interrogeait toujours. Pourquoi donc avoir attendu si longtemps pour revenir bredouille au point de départ…

Avec hâte, Guillermo prend le chemin de la maison et nous y entrons précipitamment. Il est environ 16h00. Avec hâte, il entre dans sa chambre et m’y entraîne; c’est là que trône le téléviseur. Il allume le poste et…C’est le dernier match de foot entre l’Argentine et l’Angleterre! Le gagnant ira en quart de finale! C’était donc ça! Un match de foot! Je ne suis pas vraiment familier de ce sport, mais je me rend bien compte qu’il s’agit de quelque chose de très important et que notre amour de la « Sainte-Flanelle » n’a rien de bien excitant. Nous sommes presque à la fin du match et les deux équipes sont ex æquo. Une dizaine de minutes s’écoulent et ce qui devait arriver arriva : panne électrique. Sans attendre une minute, pestant et rageant contre la compagnie d’électricité, Guillermo m’entraîne à toute vitesse à l’extérieur, nous embarquons dans la Ford Fiesta et nous prenons le chemin de la ville…

Nous arrivons à une intersection que je ne connais pas. Il semble y avoir embouteillage! En fait, la rue est un vaste stationnement de voitures, de scooters, de bicyclettes et de motos tous genres laissés là, en plan, anarchiquement, en plein milieu du chemin. Guillermo fait de même avec la Fiesta, arrête le moteur et nous partons à pieds. Nous entrons dans ce qui semble être un café, quelques dizaines de mètres plus loin. Au moins cent personnes y sont agglutinées. Trois postes de télévision sont suspendus au plafond et la foule est fébrile. En fait, nous nous retrouvons dans un salon de paris. Les gens se rendent au guichet, misent, reçoivent un ticket et regardent la partie. L’établissement est fourni en électricité par une génératrice. C’est le seul endroit où il est possible, à ce moment, d’écouter le match!

Bien malgré moi, l’ambiance me gagne, l’odeur forte de sueur et de tabac parvient à m’électriser… Tirs de barrage… L’Angleterre s’exécute… Et compte!!! Je crie, je hurle, emporté, enthousiaste, comme fou… Mon enthousiasme a tout un effet! Autour de moi, tout le monde se retourne et me regarde, silencieux! Il devait bien y avoir 40 paires d’yeux qui me fixaient… Je cesse ma manifestation, mal à l’aise… Peut-être que le moment était trop grave pour s’emporter? Guillermo, solennellement, m’entraîne un peu à l’écart et me mentionne à l’oreille que… L’équipe favorite, c’est l’Argentine et non pas l’Angleterre! S’ensuit un bref rappel historique de l’épisode des Îles Falklands avec un point de vue qui m'était inconnu… Quel imbécile j’ai fait de moi en cette fin d’après-midi à Jarabacoa! Mais tout s’est bien terminé, l’Argentine l’avait emporté… Vite, une cerveza!!! C’était urgent!

***

Nous sommes rentrés à la maison, fatigués et accablés par la chaleur au son de Félix «…Le tour de l'île, quarante-deux milles, comme des vagues, les montagnes, les fruits sont mûrs, dans les vergers , de mon pays … » Le repas était en préparation, Elvira arriverait bientôt de même que les enfants.

C’est ainsi que les journées se succédaient pour moi en République Dominicaine. Malgré la nostalgie des choses et des circonstances laissées ici, je m’imprégnais vraiment de ce pays que je découvrais sous diverses facettes. Des paysages beaux à couper le souffle, des montagnes vertes comme il n’y en a pas, un peuple bigarré, attachant, entier, intolérant, travaillant, aimant. Toute la richesse du monde réunie pour moi, pour moi seul, là-haut, dans la Cordilière centrale de République Dominicaine… À suivre pour la fin…

dimanche 13 décembre 2009

Aller voir ailleurs si j’y suis (2)

…Puis, Guillermo me fait signe et pointe une indication : Jarabacoa 2. Plus que deux kilomètres… Puis, il arrête la voiture et se dirige vers une lourde grille en fer forgé. Je ne vois pas la ville et j’apprendrai plus tard que c’est tout près, de l’autre côté d’une courbe. Guillermo sort une clé, déverrouille et pousse la grille qui donne sur un petit stationnement couvert. Plus bas, à droite, la maison. Une maison toute faite de blocs de ciment, d’allure résolument espagnole, soigneusement peinte en rose et dont les ouvertures sont en bois soigneusement teint du brun typique des mobiliers espagnols.

La maison est située en contrebas de la route et est bordée d’un muret de blocs de ciment dissimulé derrière une luxuriante végétation. Surprise, des bananes presque mûres poussent partout de même que des cignolas (fruit de la passion), des grenades, des avocats et nombre d’autres fruits qui semblent pousser là, à l’état sauvage. Les alentours de la maison sont propres.

Une fois les bagages sortis de la Fiesta, on m’invite à l’intérieur. Première pièce de la maison, le salon au lourd mobilier criard typique suivi d’un couloir qui mène à la cuisine. Le climat rendant la chose possible, la maison n’est construite que d’un rang de blocs de ciment. Le tout est soigneusement peint en un vert pâle qui rappelle la couleur des murs de certains de nos hôpitaux. Sur les murs, des peintures exécutées par Guillel, Patricia et Paul, l’aîné de la famille que je ne verrai que la semaine suivante car il étudie à Santo-Domingo.

Dans la cuisine, un peu à l’écart derrière le comptoir s’agite la gouvernante préparant quelque chose à manger. Je ne me souviens plus de son nom. Elle me souriait tout le temps mais son rôle exige énormément de discrétion. C’est elle qui voit à tout dans la maison, y compris d’aller attraper les poules, de les plumer, les vider et les préparer pour certains repas.

Nous étions un peu fatigués par la route et Guillermo me servit une « Presidente » glacée (la meilleure bière dominicaine) que je bus de quelques traites. Ça sentait bon dans la maison et les vibrations d’une famille heureuse traversaient les murs de ciment. Derrière, une petite véranda, toute bordée de grillages de fer forgé donnait sur la forêt et on entendait les coqs et les chiens qui semblaient tout près…

***

Assis autour de la table, nous avons longuement échangé, Guillermo et moi, tout en prenant bien quelques autres « Presidente » ainsi qu’un vieux rhum Brugal délicieux. Les filles ont mangé, ont fait leur toilette, sont venues me saluer chaleureusement et se sont engouffrées dans la chambre qu’elles partagent au dessus du salon, pièce où elles accèdent par une échelle de bois.

Il y a peu de meubles dans cette maison, le nécessaire sans plus. Le réfrigérateur et le poêle fonctionnent au gaz et seules quelques ampoules éclairent la maison. L’ordinateur est dans la cuisine et est régit par Guillermo. Le tout est relié à deux batteries munies d’un ondulateur pour continuer à fonctionner pendant les innombrables pannes d’électricité. La ville de Jarabacoa est fournie en électricité par une seule petite turbine située à quelques kilomètres à Jimenoa près d’une majestueuse cascade qui doit bien faire 100 pieds de hauteur. C’est d’ailleurs à cet endroit que je me suis fait une fracture ouverte au bras gauche plus tard au cours de ce voyage magique.

Puis, Elvira et Guillermo sont venus me montrer ma chambre. On accédait à la chambre en passant par dehors par l’arrière. Une fois le coin de la maison tourné, on arrivait sous un toit attenant et une porte permettait d’y accéder. Une pièce d’environ 12 pieds par 12 pieds dans laquelle il y a une chaise, une commode et un lit inséré dans un filet moustiquaire suspendu de façon rudimentaire. Au fond, une seconde porte mène à une petite salle d’eau pourvue d’une douche, d’une toilette et d’un lavabo. Une serviette avait été placée là à mon intention ainsi qu’un savon et quelques utilitaires. Pas d’eau chaude dans la maison si ce n’est que celle qui chauffe dans la cuisine, sur le poêle.

Solennellement, Guillermo me regarda et me dit « Tu es ici chez-toi. Bienvenue dans TA famille dominicaine ».

***

Une fois seul, j’ai défait quelques bagages et me suis préparé au repos. Il y avait beaucoup d’insectes dans la pièce, les fenêtres n’étant pourvues que de stores, sans moustiquaires. J’apprendrai plus tard que les dominicains détestent les moustiquaires car il se sentent enfermés lorsqu’il y en a. Le filet pendu au-dessus du lit est suffisant.

J’étais fourbu de cette longue journée. C’est le cœur mélangé que je me suis étendu sur le lit, tout autant euphorique que triste à l’idée de vivre, en ce même moment, une séparation d’avec celle qui avait été ma conjointe pendant 15 ans. Mais bon, un simple moment à passer me dis-je.

Dehors, les chiens aboyaient sans cesse dans la forêt et j’entendais les poules et coqs qui, malgré la nuit tombante semblaient bien éveillés. J’avais l’estomac un peu à l’envers à cause de la quinine que je prenais pour me protéger de la Malaria. Je ne supporte pas cette saloperie de médicament qui, pourtant, est nécessaire dans ces zones situées en forêt, pas si loin de la frontière avec Haïti qui prend l’autre tiers de l’île d’Hispaniola. La fatigue a eu raison de moi et le lendemain, je devais partir à 6h00 avec Guillermo qui m’amenait avec lui à son travail, sur les nombreux chantiers qu’il supervise un peu partout dans la province de La Vega… À suivre…

mercredi 9 décembre 2009

Aller voir ailleurs si j’y suis (1)

C’était en juin 1998. Je vivais à cette époque une séparation après 15 ans de vie commune. Rien de trop douloureux, pas de déchirement, juste une décision prise en commun. Ceci étant, une séparation, comme bien d’autres moments forts dans une vie, est une occasion de marquer une pause, de faire un retour sur soi, de prendre un temps de réflexion.

À cette époque, j’avais découvert le « chat » sur Internet. De fil en aiguille, j’avais fait la connaissance d’un Dominicain avec qui je conversait régulièrement. Ça lui permettait de pratiquer le français et moi l’espagnol. Virtuellement, nous sommes devenus bons amis. Il avait une famille et habitait dans les montagnes dominicaines, dans le centre du pays, à Jarabacoa, dans la province de La Vega.

C’est ainsi que dans le tumulte de ma séparation, j’ai acheté un billet d’avion pour la République Dominicaine, histoire d’aller voir ailleurs si j’y étais… Je suis parti avec un peu d’argent de poche, un billet de retour ouvert et un numéro de téléphone!

***

Après une courte escale à Punta Cana, j’atterris à Puerto Plata à la mi-juin par 42 degrés Celsius et une lourde humidité. De l’aéroport et avec l’aide d’un membre du personnel, je parviens à composer correctement le numéro de téléphone que j’avais et une dame me répond en Espagnol… Baragouinant tant bien que mal cette langue que je n’avais jamais vraiment parlé, je parviens à parler à Guillermo. Ouf! Le numéro de téléphone est le bon, première bonne nouvelle de ce petit périple…

Après quelques arrangements, nous convenons que Guillermo viendra me chercher près de l’aéroport, près de la plage de Playa Dorada, tout près. Il me reconnaîtrait à cause de mon sac bleu et de mon petit drapeau du Québec. Pour ma part, j’avais vu Guillermo en photo, sans plus.

Jarabacoa est située à environ une heure de Puerto Plata, dans les montagnes, en direction de El Pico Duarte, le plus haut sommet des Caraïbes (3175 mètres). Jarabacoa, lieu de l’éternel printemps où la température est toujours d’environ 18 à 20 degrés Celsius à cause de l’altitude est une petite ville d’environ 20 000 habitants située au cœur d’une petite vallée luxuriante où les chiens, les poules et les coqs sont omniprésents au milieu des cultures d’eucalyptus, de café, et de magnifiques fruits…

Deux heures plus tard, je vois arriver une petite Ford Fiesta rouge de laquelle sortent un homme, sa femme et deux jeunes filles… Je reconnais Guillermo et, sans trop savoir pourquoi, nous nous sommes tombés dans les bras, comme si nous nous étions toujours connus. Je fais la connaissance de sa femme Elvira et de leurs deux filles Patricia et Guillel. Ça a été un moment très fort de ma vie. C’est pourtant tellement anodin quand on y pense, mais ça a été un moment que je n’oublierai jamais…

***
Après une petite baignade à la plage publique en compagnie de la famille, nous nous sommes entassés dans la Fiesta et nous avons pris la route… Jusque-là, je n’avais pas été trop dépaysé, étant dans un secteur touristique. Ça n’a pas été long avant que la réalité de ce pays me saute dans la face… À peine quelques minutes de voitures et le centre de Puerto Plata dévoilait la pauvreté de ce pays. En fait, l’opulence de la zone touristique ne s’étale que sur quelques centaines de mètres à partir de la plage. À peine quelques rues plus loin, c’est la vie ordinaire, d’un peuple pauvre dans un pays gouverné par la corruption…

Mes hôtes, eux, sont choyés et vivent bien. Guillermo est ingénieur civil et Elvira obstétricienne. Ne sautons pas pour autant à la conclusion de la richesse. Avec leur travail, leur revenu familial est l’équivalent d’environ 30 000 dollars canadiens par année. Mais en République Dominicaine, ça permet de très bien vivre. Leurs enfants vont à l’école et sont promis à des carrières intéressantes, ils ont une gouvernante qui s’occupe de la maison, et ils ont deux autos (deux Ford Fiesta, une rouge et une grise!).

Bref, nous sommes ainsi partis vers Jarabacoa. La radio crache le meringue et la bachata à travers le bruit du ventilateur poussé au maximum pour permettre à la climatisation de refroidir un peu l’habitacle. Nous sommes tassés mais tout le monde est de très bonne humeur et, lentement, nous faisons connaissance. Patricia et Guillel ne cessent de me poser de nombreuses questions auxquelles je ne comprends absolument rien, l’accent de l’arrière pays étant très prononcé. Mais Guillermo me traduit le tout, comme il peut, et nous finissons par trouver les mots nécessaires.

Les filles sont belles et intelligentes. Elles ont les yeux pétillants. Elvira est d’une gentillesse totale et Guillermo est tellement heureux… À ce moment-là, je suis heureux et je me sens bien.

***

Nous faisons un arrêt à Santiago de Los Caballeros, au tiers du chemin. C’est la journée de la tombola annuelle dans cette charmante ville. Il y a fébrilité! Les gens des environs sont tous présents dans ce capharnaüm coloré où se côtoient les artisans, les artistes, les producteurs agricoles et les brocanteurs. C’est presque magique! Huit heures auparavant, j’étais encore à Mirabel! Là, presque soudainement, je suis au milieu d’une petite ville, en plein cœur d’une fête, entouré de gens qui me regardent avec un sourire de bienvenue! Wow!

Quelques heures plus tard, nous reprenons la route vers La Vega, puis nous prenons la route des montagnes en direction de Jarabacoa. Il devait être 19h00. Le jour décline lentement…

La route des montagnes est sinueuse et est ponctuée de nombreuses croix de chemin qui rappellent les nombreuses tragédies routières. Chaque fois qu’on y arrive, Guillermo fait son signe de croix, dans un recueillement qui semble réel. Connaissait-il les gens qui ont péris à cet endroit? Je ne l’ai jamais su n’ayant jamais osé poser la question, par pudeur. Les abords de la route sont sales et les fossés remplis de déchets de toute sorte, témoins d’une vie pauvre dans un pays où les services publics sont pratiquement inexistants.

La route des montagnes est bordée de nombreuses maisons de tôle, rafistolées au fil du temps et témoins des nombreuses tempêtes tropicales qui frappent le pays. Il y a beaucoup d’enfants qui malgré leurs accoutrements parfois bigarrés, affichent des sourires qui ne trompent pas sur leur joie de vivre et la solidarité populaire dans laquelle ils vivent… À suivre…

vendredi 4 décembre 2009

Polytechnique: 20 ans


Ça fera 20 ans ce dimanche que 14 femmes étaient tuées à l’École polytechnique de Montréal.

Le geste de Marc Lépine, le tueur, avait été expliqué (...) dans une lettre que ce dernier avait écrite avant la tuerie. Voici le texte original de cette lettre, sans retouche, telle que retrouvée sur le corps après que Lépine se soit suicidé:
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« Excusez les fautes. J’avais 15 minutes pour l’écrire


Veillez noter que si je me suicide aujourd’hui 89/12/06 ce n’est pas pour des raisons économiques (car j’ai attendu d’avoir épuisé tout mes moyens financiers refusant même de l’emploi) mais bien pour des raisons politiques. Car j’ai décidé d’envoyer Ad Patres les féministes qui m’ont toujours gaché la vie. Depuis 7 ans que la vie ne m’apporte plus de joie et étant totalement blasé, j’ai décidé de mettre des bâtons dans les roues à ces viragos.


J’avais déjà essayés dans ma jeunesse de m’engager dans les Forces comme élève-officier, ce qui m’aurais permit de possiblement pénétrer dans l’arsenal et de procédé Lortie dans une rassia. Ils m’ont refusé because associàl. J’ai donc attendu jusqu'a ce jour pour mettre à exécution mes projets. Entre temps, j’ai continué mes études au grès du vent car elles ne m’ont jamais intéressée sachant mon destin à l’avance. Ce qui ne m’a pas empécher d’avoir de très bonnes notes malgré ma théorie de travaux non remis ainsi que la carence d’étude avant les examens.


Même si l’épitète Tireur Fou va m’être attribué dans les médias, je me considère comme un érudit rationnel que seul la venu de la Faucheuse on amméné à posé des gestes extrèmistes. Car pourquoi persévéré à exister si ce n’est que faire plaisir au gouvernement. Etant plûtot passéiste (Exception la science) de nature, les féministes ont toujours eux le dont de me faire rager. Elles veulent conserver les avantages des femmes (ex. assurances moins cher, congé de maternité prolongé précédé d’un retrait préventif, etc.) tout en s’accaparant de ceux des hommes.


Ainsi c’est une vérité de la palice que si les Jeux olympiques enlevaient la distinction Homme/Femme, il n’y aurait de Femmes que dans les compétitions gracieuses. Donc les féministes ne se battent pas pour enlever cette barrière. Elles sont tellement opportunistes qu’elles ne négligent pas de profiter des connaissances accumuler par les hommes au cours de l’histoire. Elles essai toutefois de travestir celles-ci toute les fois qu’elles le peuvent. Ainsi l’autre jour j’ai entendu qu’on honoraient les canadiens et canadiennes qui ont combattus au front pendant les guerres mondiales. Comment expliquer cela alors que les femmes n’étaient pas autorisés à aller au front??? Va-t-on entendre parler des légionnaires et galériennes de César qui naturellement occuperont 50% des effectifs de l’histoire malgré qu’elles n’a jamais exister. Un vrai Casus Belli.


Désoler pour cette trop compendieuse lettre.
Marc Lépine »


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Le mouvement féministe a beaucoup réagi à la suite de l’événement et non sans raison.

Ce matin, Lise Payette, dans Le Devoir, signait un texte sur le sujet dans lequel elle mentionne entre autres : « Je me suis sentie coupable car comme beaucoup de femmes de ma génération j'ai pensé qu'il faisait payer à nos filles les gains que nous avions engrangés pour elles. Qu'il se vengeait sur les plus jeunes de ce que nous avions gagné de haute lutte et sans violence pendant des décennies. J'ai su par la suite que nous étions plusieurs à avoir vécu ces mêmes réactions. Il a fallu du temps avant que nous puissions en parler entre nous. La blessure était si profonde qu'on osait à peine y toucher. »

Et vingt ans après, que faut-il en penser? Que retirer de cette tragédie? Car, à mon avis, il faut se souvenir de ces faits (comme d’autres) pour tenter d’éviter de tels dérapages…

Oui, le geste était motivé par la haine des femmes, Lépine le dit. Ses propos témoignent aussi de son incompétence psychique et d’un malaise profond. Il n’était pas ce que l’on pourrait appeler « équilibré »… Dans tout le traitement fait à cette triste histoire, avons-nous éludé le fait que Lépine était, d’abord et avant tout, un psychopathe? C’est une question que je me pose ne désirant nullement diminuer la portée anti-féministe du geste.

Cette fin de semaine, c’est certain que j’aurai une pensée pour ces 14 femmes qui ont servi de cible pour expier le malaise d’une société. Je me demandais simplement s’il était possible de faire davantage… Je n’ai pas de réponse. Et vous: qu’en pensez-vous?