samedi 16 janvier 2010

Les crises sont gérées différemment

La crise financière 2008-2009 a donné lieu à de nombreuses interventions de différents pays. Aux USA, plus de mille milliards de dollars ont été investis dans les banques, dans les compagnies manufacturières d’automobiles et dans différents secteurs industriels pour sauver l’économie… Par extension, il s’agissait de sauver le pays et ses habitants d’un marasme pressenti. Pensons-y bien, mille milliards pour sauver des institutions, pour maintenir une économie basée sur des artifices, pour sauver un système inéquitable qui est basé sur l’écart entre les situations des gens… 1 000 000 000 000 $ !

Depuis mardi, l’épouvantable séisme qui a ravagé une bonne partie du territoire haïtien suscite la réflexion parmi bon nombre. Depuis quelques jours, dans de nombreuses tribunes, il est question d’aller au-delà de l’aide de crise pour ce pays. On parle de mettre en place l’équivalent du plan Marshall qui avait permis de soutenir les efforts de reconstruction de l’Europe après la fin de la seconde guerre. Soit, mais pour l’instant, il est question, dans la situation de sauvetage à Haïti d’amasser environ 1 milliard $ d’aide humanitaire… d’un côté, 1 milliard pour sauver du monde et de l’autre, 1 000 milliards pour sauver des banques et des compagnies… Est-ce que ça ne semble pas disproportionné?

Je ne suis pas un expert, mais personnellement, je ne comprend absolument pas la logique qui sous-tend cet écart… Le « système » serait donc devenu plus important que la vie des gens? Je veux bien croire qu’un crash économique aurait des impacts importants sur l’organisation sociale comme ça avait été le cas dans les années 30. Oui, ça avait causé des suicides et des dislocations importantes dans la vie de plusieurs, c’est vrai. Mais que dire de la situation actuelle en Haïti? Que dire aussi des milliards qui s’engouffrent en Afghanistan, en Irak et ailleurs sous prétextes de terrorisme etc…

Le monde est vraiment malade. Les valeurs ne sont plus à la bonne place, la barque prend l’eau à une vitesse folle et on continue à ramer à contre-courant…

Non, je ne suis pas en train de perdre la raison, entraîné dans la foulée du délire médiatique entourant la crise haïtienne. Je me pose simplement des questions quant aux priorités des gouvernements et de nos dirigeants. Il sert à qui ce foutu système pour lequel on est prêts à consentir autant d’efforts et d’argent? S’il y avait du pétrole en Haïti, laisserions-nous ainsi aller les choses? Pas certain…

Bon, je ferme ma gueule. Ça n’a aucune importance dans le fond…

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Un plan Marshal pour Haïti? C'est fou ça. Les pays ayant profité d'un plan de ce genre étaient des pays avec une solide base d'instruction, habitués à un système politique, économique et social structuré (Allemagne, Japon... etc. Et puis, un tel plan représentait un avantage clair pour les gagnants de la seconde guerre mondiale: éviter une nouvelle menace de guerre à cause du ressentiment. Rien à voir avec Haïti qui ne représente ni une menace ni un avantage pour les pays riches.

La valeur de la vie? Cette valeur varie selon les pays. Ne me dites pas que cela vous étonne!

Personne ne sacrifierait son confort pour savoir que les gens d'Haïti vivent mieux. J'inclus tout le monde. Sinon, pourquoi aurions-nous toléré l'extrême pauvreté pendant toutes ces décénies? Et puis, il n'y a pas seulement Haïti, bien d'autres pays auraient besoin de notre généreuse aide.

Accent Grave

Gérard Day a dit…

Accent Grave: Je ne dis pas que ça m'étonne, je dis que je ne comprend pas, simplement.

Sans trop en dire, je mentionnerai que j'ai donné 25 ans de ma vie à aider les autres. Où j'en suis maintenant? Pas riche, pas de fond de pension, statut précaire, le goût d'aider (encore) mais dégueulé de voir toute la merde qui m'entoure. C'est juste ça.

Je n'ai pas l'intention de faire un procès aux décideurs, je suis bien trop petit pour ça, mais je ne peux me résoudre à m'en foutre totalement.

Pour moi, un humain est et restera un humain, comme moi; peu importe le pays d'où il vient et ce qu'il vaut en espèces. J'inclus là-dedans tous les Ayatollahs, Curés et Imams.

Mais, au superlatif, je me fous des systèmes établis en dogmes comme le capitalisme, le communisme ou autres. J'ai une tendance, n'étant pas riche, à vouloir me soustraire à ce qui n'est pas basé sur les besoins de l'humain imparfait et charnel.

De toutes façons, vous savez quoi? Je suis mortel et ça n'a absolument aucune importance. Les systèmes ainsi érigés en dogmes fanatiques me survivront et ce sera ainsi jusqu'à l'extermination de l'espèce, c'est tout.

Je devrais m'en foutre complètement mais ça, ce sera lors de mon dernier souffle. Moi, un plan Marshall pour le tiers monde, je suis pour; en fait, il s'agit simplement de mieux répartir la richesse (ou la pauvreté!)! Non?

Lise a dit…

Cher Gérard,

c'est tellement, tellement vrai ce que tu écris ici! Le monde est régi par deux moteurs;l'argent et le pouvoir, et non par l'amour et la compassion (ça ce sont de vieilles idées hippies des années 70, pfff!) Dès qu'il y a de l'argent à gagner, l'aide est toujours là, mais lorsqu'il s'agit d'une nation qui n'a rien à offrir, sauf son humanité, et qui est un gouffre sans fond de misère, la générosité est beaucoup plus limitée.

Comme on dit, on ne prête qu'aux riches, quoi qu'on en dise, et ceux qui disent que l'argent ne fait pas le bonheur n'en ont jamais manqué, c'est certain.

Aujourd'hui j'ai lu (la Presse) qu'une femme, toujours en Haĩti, enceinte et sur le point d'accoucher était debout, seule et sans aide. Que lui est-il arrivé? nul ne le saura ici, comme si ce n'était qu'une "casualty" (le mot anglais est plus fort) de plus, dans un pays qui ne connaît rien d'autre que la misère.

Et le pire c'est qu'ils trouvent encore le moyen de croire en un dieu qui les aidera...

J'espère que mon commentaire n'est pas déplaçé, mais si je m'étais laissé aller à dire tout ce que je pense, il aurait été bien pire encore.

Et si tu n'es pas riche Gérard, comme tu le dis, tu as au moins la richesse du coeur, mais aucune banque n'a de compte pour ça. Peut-être parce que ça vaut trop cher ?

Bon, je me tais maintenant...

Gérard Day a dit…

Lise: T'aurais bin pu te laisser aller...

Ce qu'on a à dire, il faut le dire la tête haute sinon, on le garde dans le cul en mottons et c'est pas bon.

Si j'avais un rêve, ce rerait que tous les humaines prennent conscience de leur finitude, de leur petite durée de vie. Ça changerait le mal de place.

Zoreilles a dit…

Surtout, Gérard, ne ferme pas ta gueule, comme tu dis. Ce que tu en penses est d'une extrême importance pour moi.

Parce que ton point de vue, il part d'une expérience humaine riche et sensible, d'un désir fou d'améliorer les choses, d'un refus de se laisser endormir ou endurcir pour s'en détacher, se donner bonne conscience ou s'en désintéresser. J'ai tant aimé lire ta fougue, ton questionnement passionné, indigné, ces idées lancées librement comme dans un brainstorming où l'on s'appropriera des meilleures pour avancer, peu importe d'où elles viennent.

Hé qu'on a du chemin à faire... Mais il y en a qui se sont endurcis la plante des pieds à force de n'avoir pas de souliers et qui sont encore capables de marcher pieds nus. Alors, ils cherchent leur chemin et des compagnons de route.

Je ne sais presque rien du plan Marshall, je ne me risquerais pas à donner mon avis, je me sens dépassée par ce qui se passe en Haïti, comme ailleurs dans le monde, je ne sais plus comment agir pour aider, à mon niveau, à part d'envoyer des sous.

Non, surtout, ne ferme pas ta gueule, Gérard, je te le dis bien égoïstement, parce que j'ai trouvé chez toi un baume sur ma blessure d'être humain qui se désole de l'humanité. Je me suis reconnue dans ce que tu ressentais d'indignation, de compassion, de mal à l'âme, d'inquiétude en l'avenir, le nôtre, peut-être encore plus que celui du peuple haïtien, mais à un tout autre niveau.

En fin de semaine alors que j'étais en forêt et qu'il n'y avait que la radio, j'ai entendu quelque chose qui m'a fait pleurer. Un petit enfant, de 4 ans, chantait à pleine tête pour se donner du courage. Il disait : « C'est une chanson pour Dieu ». Je sais que ça va choquer à mort d'autres personnes, qu'on va encore s'insurger contre la domination du peuple haïtien par la religion mais si cette simple idée d'une bonté bienveillante, fut-elle imaginaire, réussit à donner le goût de chanter à un enfant de 4 ans au milieu de la désolation, alors c'est peut-être tout ce qui leur reste comme espoir, comme leur culture et leur solidarité, pour la suite du monde.