lundi 4 janvier 2010

Lhasa de Sela 1972-2010

Une grande chanteuse d'émotions a quitté ce côté-ci de la médaille samedi. Lhasa de Sela a été emportée par un cancer contre lequel elle luttait depuis deux ans.

J'avais eu la chance de rencontrer cette femme toute menue il y a une dizaine d'années lors d'un souper d'amis organisé à la hâte dans un appartement, Place du marché des Capucins à Marseille. C'était une personne attachante et tellement pleine d'émotions qu'il était impossible de ne pas l'écouter lorsqu'elle parlait. Imaginez lorsqu'elle chantait!

Je n’ai pas peur
De dire que je t’ai trahi
Par pure paresse
Par pure mélancolie
Qu’entre toi
Et le diable
J’ai choisi le plus
Confortable
Mais tout cela
N’est pas pourquoi
Je me sens coupable
Mon cher ami

Je n’ai pas peur de dire
Que tu me fais peur
Avec ton espoir
Et ton grand sens
De l’honneur
Tu me donnes envie
De tout détruire
De t’arracher
Le beau sourire
Et même ça
N’est pas pourquoi
Je me sens coupable
C’est ça le pire

Je me sens coupable
Parce que j’ai l’habitude
C’est la seule chose
Que je peux faire
Avec une certaine
Certitude
C’est rassurant
De penser
Que je suis sûre
De ne pas me tromper
Quand il s’agit
De la question
De ma grande culpabilité

Je n’ai pas peur
De dire que j’ai triché
J’ai mis le plus pur
De mes pensées
Sur le marché
J’ai envie de laisser tomber
Toute cette idée
De « vérité »
Je garderais
Pour me guider
Plaisir et culpabilité

5 commentaires:

crocomickey a dit…

Quel texte ! Je ne connais pas cette fille sauf par quelques extraits de ses chansons en espagnol. C'était toujours comme une complainte à mes oreilles ...

Zoreilles a dit…

Ouf, tu sais quoi? J'arrive sur ton texte au même moment où, à la radio qui m'accompagne tout au long de la journée (Radio-Canada en Abitibi-Témiscamingue) on tournait cette chanson d'elle précisément et je suivais les paroles que tu as retranscrites sur ton billet d'aujourd'hui...

Quand j'ai appris son décès hier soir aux nouvelles, j'ai été secouée, je ne savais même pas qu'elle luttait contre un cancer du sein depuis 21 mois.

Tu l'as rencontrée? Elle a marqué favorablement tous ceux qui ont eu cette chance, en privé ou sur la scène.

Claire a dit…

J'ai entendu la nouvelle à la radio ce matin. Je ne la connaissais pas. Elle avait pourtant fait le festival des "vieilles charrues" en 1994.
Le texte que tu nous offres est d'une beauté et d'une simplicité désarmante...Et quel talent de pouvoir l'écrire!

Dominique- L a dit…

Bonsoir Gérard,

J'ai entendu la triste nouvelle ce matin. Lorsque sa meilleure amie a dit sur les ondes de Radio Canada :

-Elle est partie comme une étoile filante, je me suis sentie très touchée par cette phrase.
On prétend que la mort fait partie de la vie...
S'en aller aussi jeune, désolée... C'est une injustice !

Merci pour le texte de cette très belle chanson. Au revoir Gérard.
Amitié de Do

Gérard Day a dit…

Vous quatre: Lhasa est une personne que je n'oublierai jamais à cause de sa simplicité et de sa quasi-timidité. À cette époque, je ne la connaissais pas du tout; c'est ce soir là que j'ai su qui elle était (il ne s'agit pas là d'une fable de groopie).

J'ai su il y a environ un an via une connaissance, qu'elle luttait contre un cancer du sein assez agressif. Ça m'a peiné parce que sa jeunesse ne le méritait pas. Lorsque je l'ai connue, elle avait 26 ou 27 ans. Elle portait déjà les rides d'une vie pleine.

Mais je vous jure que quand elle parlait, quand elle regardait dans les yeux, quand elle souriait, ce soir-là d'avril 2000, elle était vraiment "HOT". J'imagine que c'est comme ça qu'elle a toujours été.

C'est pour ça que j'ai écrit ce petit mot, pour elle, que j'ai juste croisée une fois.

Croco: ELLE était une complainte... c'est ça qui est magnifique. Jamais surfaite!

Zoreilles: Radio-Canada est la seule antenne à laquelle on ait pu l'entendre et c'est à leur honneur.

Tout de même dommage qu'on l'entende tellement aujourd'hui et que l'on ne l'entendais que peu avant qu'elle ne meure...


Claire: Si tu l'avais entendue parler, tu aurais compris que, pour certains, c'est banal écrire. Elle parlait comme ça (j'images là...). En fait, la personne que j'ai rencontrée ce soir-là, c'était juste une philosophe qui parlait!

Do: Les étoiles filantes sont belles... quand on les voit!